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Pour une Église joyeuse et humble : Retour sur le rassemblement de la Province des Jésuites du Canada

photo: Carolyn Hogg

Le rassemblement Pèlerins ensemble, un joyeux rassemblement avec Ignace de Loyola, a réuni des dizaines de jésuites et plusieurs de leurs compagnons en mission à Midland, en Ontario, du 29 au 31 juillet 2022. Il s’agissait du premier rassemblement de ce genre de la jeune Province du Canada.

Cette rencontre a permis aux participants de socialiser « en présentiel » lors des repas et des nombreuses pauses, dans une atmosphère conviviale. Ils ont également pu découvrir les talents de plusieurs jésuites et collègues lors d’un karaoké improvisé mettant entre autres en vedette les jésuites John Meehan au piano, Gabriel Côté au violon et John O’Brien au micro. Mais plus encore, la fin de semaine a permis de réfléchir à l’Église et la Compagnie de Jésus aujourd’hui tout en célébrant la fin de l’Année ignatienne.

Comme l’a dit le P. Sami Helewa, SJ : « C’était un temps spécial après la COVID. Je pense que nous avons eu plusieurs grâces qui sont ressorties de cet événement. »

photo: Fannie Dionne

Des moments de partages

Plusieurs conférences étaient au programme. Dre Susan Wood, SCL, a donné une présentation intitulée Une Église missionnaire : l’« effet François » sur l’Église catholique. Selon elle, si l’agenda du Pape est inspiré par François d’Assise, sa démarche est purement ignacienne. Pour François, la dimension pastorale, le besoin de toucher le cœur des gens, est plus importante que tout le reste. Selon lui, l’Église d’aujourd’hui doit être locale, pastorale, œcuménique et interculturelle.

Moment fort de la fin de semaine, les participants d’un panel improvisé (Peter Bisson, SJ, Donna Naughton, Alan Fogarty, SJ, John Meehan, SJ, Robert Foliot, SJ, William Blakeney, Geoffrey (Monty) Williams, SJ, Erik Oland, SJ, Tom Dearhouse, Paul Robson, SJ et la survivante Rosella Kinoshameg, DOS) ayant vécu divers événements du pèlerinage pénitentiel papal ont partagé leurs impressions de cette visite. Le partage des trois panélistes autochtones a particulièrement ouvert les yeux à l’audience sur la manière dont plusieurs personnes autochtones ont vécu le pèlerinage et les excuses du Pape.

De manière générale, cette visite a été reçue comme une étape essentielle pour la guérison, mais elle doit être suivie d’actions concrètes. Elle a aussi mis en lumière le manque d’écoute des voix autochtones et le manque de considérations pour les Autochtones au sein même de ce pèlerinage pénitentiel, ce qui était évident par exemple lors des messes où peu de place a été faite pour les survivants et pour leur culture. Mme Kinoshameg a terminé son allocution en disant que « les discours du Pape ne sont même pas le premier pas vers la réconciliation, il a simplement levé le pied; nous devons déposer ce pied et continuer d’avancer (The speak from the Pope was not even a first step, he just lifted his foot. We need to put the feet down and walk) ».

photo: Fannie Dionne

Pour Brian Paulson, président de la Conférence jésuite du Canada et des États-Unis, d’avoir le privilège d’entendre des échos des personnes qui étaient présentes lors des excuses a été un moment important et significatif de la fin de semaine.

Un second panel a permis à Jenny Cafiso, André Brouillette, SJ, Ray Comeault, et Germain Clerveau, SJ, de présenter « diverses perspectives de l’Église future ». « Je suis Église », a commencé le P. Brouillette, qui a aussi souligné que nous sommes appelés à être toujours davantage en collaboration. S’inspirant de son texte The in-between place, Mme Cafiso a mentionné que nous devons vivre dans « l’entre-deux », que l’Église ne doit pas se demander si elle fait assez pour les groupes marginalisés, mais qu’elle doit toujours jouer un plus grand rôle. M. Comeault a rappelé que rien ne peut nous séparer de Dieu, même si beaucoup d’églises ferment : les gens demeurent spirituels. Il n’a pas de crainte pour l’Église, car la transformation c’est la vie. C’est aussi ce qu’a dit le P. Clerveau, qui a notamment mis de l’avant le fait que les Églises du « tiers-monde » étaient en train de prendre la relève de l’Église eurocentrique, malgré la résistance de celle-ci.

Une des consolations du P. Léonard Altilia, SJ, pendant le rassemblement, a justement été « l’honnêteté des intervenants qui ont présenté leurs impressions de la réalité actuelle de l’Église, de la Compagnie de Jésus, de la situation mondiale, sans éviter les problèmes et les blessures dans l’Église ainsi que les défis qui se présentent à la Compagnie et aux collaborateurs et collaboratrices. » C’était aussi l’impression de Jenny Cafiso, directrice de Canadian Jesuits International, qui a dit que « c’était probablement l’une des meilleures rencontres de la Province à laquelle j’ai participé. Les gens ont parlé à partir de leur cœur, sans filtre, avec beaucoup de confiance et d’honnêteté. » Quant à lui, le P. Marc Rizzetto, SJ, a particulièrement apprécié l’intervention de Mme Cafiso pendant le deuxième panel, car elle a donné une autre dimension des périphéries. « Il y a plein de frontières dans l’Église qui nous rapprochent ou nous séparent. Comme citoyen d’un pays, mais aussi d’une communauté religieuse, cela nous parle de comment on interagit avec les gens, de comment on doit se rapprocher et observer nos zones d’ombres. »

Des moments de prière

En plus de moments de prières proposés par Rosella Kinoshameg, Erik Sorensen, SJ, Abin Mathew, SJ, et Marie-Gabrielle Vallet (présidente de la CVX), les participants ont pu vivre deux messes à des endroits significatifs pour la Compagnie de Jésus au Canada.

Après une visite du musée et du site Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons, jésuites et collègues se sont rassemblés au grand air pour une messe quadrilingue présidée par le supérieur des jésuites d’Haïti, Jean-Denis Saint-Félix. Comme l’a écrit Frédéric Barriault : « outre l’alternance entre le français et l’anglais, soulignons le rite purificatoire avec la sauge sacrée, et la prière en anishnaabe-mowin [par Rosella Kinoshameg] au son du teweikan [de Tom Dearhouse], de même que la liturgie eucharistique en créole. C’était non seulement magnifique, mais cohérent ».

photo: Carolyn Hogg

Les mêmes éléments autochtones ont été intégrés dans la messe célébrant saint Ignace de Loyola et la fin de l’Année ignatienne qui s’est tenue au sanctuaire des Martyrs le 31 juillet en matinée dans une église pleine à craquer de jésuites, de collègues et de pèlerins de divers horizons.

Réactions des participants

Selon les témoignages des participants, pouvoir se rassembler et partager avec leurs confrères et collègues laïques a été un grand bonheur.  Comme le résume le P. Clerveau : « C’était un bon moment pour être ensemble, pour marcher ensemble, pour s’écouter les uns les autres et pour découvrir comment Dieu travaille au milieu de nous et nous invite à marcher avec d’autres. » Pour le P. Paulson, pouvoir rencontrer ses compagnons jésuites et ignatiens du Canada était un privilège.

Dans cette « grosse réunion de famille », telle que l’a décrit le frère Daniel Leckman, SJ, les discussions ont été riches. Scott McMaster a ainsi souligné que « les jésuites ont partagé à partir de leur cœur et du Saint-Esprit, cela a eu un impact sur moi personnellement. » Pour Marie-Gabrielle Vallet, « on est arrivé avec de bonnes questions, humblement, et pas avec des réponses, ça donne de l’espace pour que ça bouge. »

Pour terminer, le P. Altilia a mentionné l’espoir, la joie et la confiance des collaborateurs et collaboratrices, dans la grâce de Dieu pour travailler avec les jésuites à créer un monde plus juste et en paix.