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Jésuites et catholiques LGBTQ+ : apporter à l’Église les couleurs des personnes marginalisées

Par José Sanchez et Fannie Dionne

Sous la coupole imposante de la paroisse Our Lady of Lourdes à Toronto, un groupe trace discrètement un chemin de compassion et de compréhension depuis plus d’une décennie. S’inspirant des enseignements éprouvés de saint Ignace de Loyola, leur mission intègre plusieurs des valeurs de l’accompagnement ignatien. Fondamentalement, ce groupe vise à offrir un soutien spirituel aux catholiques LGBTQ+ et à leurs alliés, tout en favorisant une Église plus inclusive et compatissante. 

Au cœur de l’accompagnement ignatien se trouve l’art de l’écoute profonde, du discernement et du respect de l’identité unique ainsi que de la dignité intrinsèque de chaque personne. Cet accompagnement reconnaît que chaque parcours est unique et il offre un soutien spirituel et émotionnel aux individus lorsqu’ils traversent les défis de la vie. Cette approche a inspiré les apostolats jésuites et ignatiens à travers le Canada à créer des espaces où les individus LGBTQ+ se sentent valorisés, soutenus et autonomisés. 

Le Centre de spiritualité ignatienne de Montréal illustre cet esprit d’inclusivité. Mark Langlois, directeur du service d’accompagnement spirituel, affirme que le Centre est devenu un refuge pour les personnes LGBTQ+ en quête de réconfort spirituel. Langlois soutient qu’il existe une « spiritualité de la marginalité à vivre »; les retraites et les programmes du Centre incarnent cette philosophie. 

Au cœur de l’accompagnement ignatien se trouve l’art de l’écoute profonde, du discernement et du respect de l’identité unique ainsi que de la dignité intrinsèque de chaque personne. Cet accompagnement reconnaît que chaque parcours est unique et il offre un soutien spirituel et émotionnel aux individus lorsqu’ils traversent les défis de la vie.

De même, All Inclusive Ministries, à la paroisse Our Lady of Lourdes, s’est engagé à soutenir les catholiques LGBTQ+ et leurs alliés. John Jacob, psychothérapeute et membre du groupe, considère la relation de l’Église avec les personnes marginalisées comme cruciale : « L’Église doit être en relation avec sa congrégation, car sans nous, l’Église cesse d’exister. »

Le Centre de spiritualité ignatienne propose une variété de programmes pour les personnes LGBTQ+, y compris des retraites silencieuses, des retraites en groupe et un accompagnement spirituel. All Inclusive Ministries organise quant à lui une messe mensuelle, favorise les liens communautaires et propose des retraites et diverses activités. Les deux groupes sont ancrés dans les principes ignatiens tels que l’écoute profonde et le discernement, créant ainsi des espaces où les catholiques LGBTQ+ peuvent explorer leur spiritualité, se connecter avec les autres et renforcer leur relation avec Dieu. Ils promeuvent en fin de compte une compréhension approfondie et un soutien inébranlable pour la dignité de tous les individus. 

Accompagner les personnes marginalisées peut conduire à des expériences transformatrices, non seulement pour l’individu, mais aussi pour l’Église. Comme le souligne Langlois, « le défi LGBTQ+ a une couleur à lui, mais c’est une couleur : le défi est le même pour tous ceux qui ont été marginalisés et ça prend une couleur différente chaque fois ». En favorisant un esprit d’inclusivité, l’Église peut devenir un véritable reflet de la création diverse de Dieu. 

 

Le modèle d’accompagnement ignatien et ses valeurs peuvent être source d’espoir pour l’Église catholique dans sa volonté d’accueillir les communautés marginalisées, y compris les personnes LGBTQ+. Les apostolats jésuites et ignatiens au Canada — avec leur accent sur l’accompagnement des individus, le respect de leur individualité et l’offre d’un soutien personnalisé — démontrent qu’il est possible de créer des espaces inclusifs où tous les individus se sentent valorisés, soutenus et encouragés. 

Faisant écho à cet esprit d’inclusion, le pape François a déclaré : « Les personnes homosexuelles ont le droit d’être dans une famille. Ce sont des enfants de Dieu. » En regardant l’exemple donné par les apostolats jésuites et ignatiens au Canada, nous découvrons un modèle par lequel l’Église mondiale peut apprendre à embrasser et à accueillir tous les individus en son sein. 

Comme le souligne Langlois, « le défi LGBTQ+ a une couleur à lui, mais c’est une couleur : le défi est le même pour tous ceux qui ont été marginalisés et ça prend une couleur différente chaque fois ».

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Statistiques : 

Selon une étude de 2017 du Trevor Project, les individus LGBTQ+ citent souvent la discrimination fondée sur des motifs religieux comme la raison principale de leurs problèmes de santé mentale.

Une enquête de 2017 menée par le Public Religion Research Institute a révélé qu’environ seulement 40 % des catholiques estiment que leur Église est accueillante envers les individus LGBTQ+.

Nicola Di Narzo, écrivain, ancien prêtre diocésain 

Nicola a eu du mal à accepter son homosexualité en raison de son éducation catholique conservatrice. Il avait une faible estime de lui et a atteint un point de rupture en 2016 lorsqu’il a failli mettre fin à ses jours. « J’étais dans une voiture… je regardais le mur au loin, et puis je me suis dit : “Mets fin à tes jours, ça va tellement être plus facile. Tu ne pourras jamais être toi-même, tu ne seras pas aimé, tu vas être rejeté, tu vas vivre une vie d’enfer.” » Les jésuites, en particulier le père Jean-Guy St-Arnaud, l’ont aidé à découvrir un Dieu personnel qui communique à travers l’imagination, la conscience et les événements quotidiens. Il se souvient : « Dieu vient à la rencontre de notre être profond… j’ai alors compris dans mon cœur que le Seigneur me disait : “Nicola, tu ne te permets pas d’être heureux.” Ça m’a bouleversé, parce que je me suis dit que j’avais le droit d’être heureux. » 

Mark Langlois, directeur des soins spirituels au Centre de spiritualité ignatienne à Montréal 

Mark, qui a quitté l’Église en raison de sa difficulté à concilier son identité homosexuelle avec l’enseignement de l’Église, raconte son cheminement de retour au catholicisme. « J’ai quitté l’Église parce que je ne pouvais pas faire la réconciliation entre ce que j’étais comme personne gaie et ce que j’entendais et ce que je voyais. Ça me scandalisait. Si je voulais faire partie de l’Église, il fallait que je ne tienne pas compte de qui j’étais », se souvient-il. Il a trouvé un pasteur extraordinaire qui l’a guidé en douceur pour revenir dans l’Église, et il a finalement découvert chaleur et accueil à la Villa Saint-Martin. Grâce à la spiritualité ignatienne et à l’accompagnement spirituel d’un jésuite, il a fait l’expérience du non-jugement, de l’accueil intérieur et du soutien de sa réalité. Il affirme : « La spiritualité ignatienne est une spiritualité d’accueil, de cheminement, de pèlerinage. J’ai senti que je n’avais pas à me conformer. Il y avait une liberté et une sécurité qui sont vraiment christocentriques. J’ai retrouvé l’oasis. » 

John Jacob, psychothérapeute, membre de All Inclusive Ministries 

Dans la vingtaine, John a été confronté à un dilemme pour concilier sa foi et son orientation sexuelle en tant qu’homme queer. Il avait l’impression de devoir choisir entre assumer ses désirs ou rejeter sa foi. Ce conflit intérieur l’a conduit dans un lieu sombre et solitaire, affectant son estime de soi et sa relation à Dieu. Il craignait de se décevoir lui-même, sa famille et Dieu. Cependant, l’accompagnement spirituel ignatien l’a aidé à comprendre qu’il n’était pas brisé, et il a appris à accepter tous les aspects de son être. John raconte : « Avec l’accompagnement spirituel, j’ai pu atteindre un endroit où j’aimais tous mes aspects. Et j’ai commencé à explorer et à discerner mes dons. » En tant que personne queer de couleur, il s’efforce désormais de contribuer à la communauté élargie par son travail, reconnaissant la valeur de ses expériences uniques dans un contexte colonial occidental. L’accompagnement ignatien a joué un rôle essentiel pour l’aider à guérir, à s’intégrer et à grandir. 

Gordon Davies, directeur, Arts et sciences, langues et traduction à l’Université de Toronto, École des études continues 

Gordon a remarqué une acceptation croissante des autres paroissiens envers la communauté LGBTQ+. « Je suis un paroissien actif d’une paroisse jésuite, Our Lady of Lourdes, qui est située au centre-ville de Toronto, de même que du groupe All Inclusive Ministries pour les personnes LGBTQ+. Et je chante également dans une chorale. Je pense que petit à petit, les autres paroissiens commencent à reconnaître que nous sommes des catholiques comme tout le monde, que nous ne sommes pas des gens étranges. » Davies lui-même a vécu une transformation de sa vie de prière depuis sa sortie du placard et son acceptation de lui-même. « Les gens changent, et moi aussi je change. Ma vie de prière est très différente maintenant que je suis ouvertement homosexuel dans la société. Mais en réfléchissant sur moi-même, je reconnais que lorsque j’étais dans le placard, je me cachais bien sûr de la société, mais sans le savoir, je me cachais aussi de Dieu. Ma vie de prière s’est considérablement approfondie depuis que je me suis accepté. »