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État sur la religion et la foi dans les provinces canadiennes

Quel est le rapport des Canadiens avec Dieu, la religion, les pratiques religieuses ? Difficile à dire! En effet, comme nous l’avons mentionné précédemment à propos de la religion au Canada, les statistiques varient d’une province à l’autre, et même d’une région à l’autre.

Dans cet article, nous allons faire ressortir quelques particularités de chacune des provinces où les jésuites sont présents, selon les sources disponibles à ce sujet. Les données concernent généralement la religion dans un sens large, mais rappelons que le pourcentage de la population catholique, en 2019, se composait ainsi selon les provinces :

Angus Reid, Crisis of Faith?, 2019 ( traduction )

Les sondages sur lesquels cet article est basé proviennent de sources et de dates différentes : il faut prendre les résultats avec un grain de sel. De plus, ces chiffres ne disent pas l’expérience vécue et nuancée des humains. Toutefois, ces divers résultats montrent que la religion, Dieu et la spiritualité font toujours partie du paysage d’un océan à l’autre, même s’il y a une tendance à la hausse vers un désengagement des gens envers la religion catholique.

Un fait à souligner: la majorité des gens dans toutes les provinces continuent de croire en Dieu ou une puissance supérieure, avec qui beaucoup sont en relation par la prière.

En quoi ces chiffres sont-ils intéressants ? « Les jésuites n’ont pas une conception étroite de leur ministère, ils savent que le contexte dans lequel ils évoluent change toujours : ils sont d’une flexibilité unique », souligne le professeur Michael W. Higgins dans une entrevue qui paraîtra sous peu. D’une part donc, ces statistiques montrent que le fait religieux est changeant dans toutes les provinces et que la Compagnie de Jésus doit s’y adapter. D’autre part, comme le souligne le P. Gordon Rixon, SJ, dans une autre entrevue, les gens « spirituels, mais non religieux » – comme on peut le voir dans les statistiques – ont probablement une vision négative de la religion, mais risquent d’avoir une spiritualité trop superficielle. Faire connaître le discernement proposé par les Exercices spirituels est ainsi particulièrement pertinent.

« Nous éprouvons le besoin urgent de surmonter tant les sécularismes que la nostalgie envers des expressions culturelles du passé. Avec l’Église, nous souhaitons travailler à accueillir notre société sécularisée comme un signe des temps, qui nous donne l’occasion de renouveler la présence ecclésiale au sein de l’histoire humaine. »  – Arturo Sosa, SJ – Préférences apostoliques universelles de la Compagnie de Jésus, 2019–2029

 

Angus Reid, Faith Continuum, 2017 (traduction)
Angus Reid, Faith Continuum, 2017 (traduction)
Pew Research Center, 2013 (traduction)
Pew Research Center, 2013 (traduction)

Colombie-Britannique

C’est en Colombie-Britannique que l’on retrouve le plus haut pourcentage et la plus grande croissance de gens sans affiliation religieuse (44 % en 2011) ainsi que le plus petit pourcentage de personnes assistant à des cérémonies religieuses (17 % en 2012). La prière et le recours à une figure religieuse pour des conseils n’étaient pas non plus prisés par les répondants d’un sondage de 2019.

Toutefois, en 2019 toujours, encore 61 % des résidents de la province croyaient ou avaient tendance à croire que Dieu existe.

Les Prairies

En 2017, les croyants les plus fervents se trouvaient en majorité dans les Prairies. En effet, 32 % des personnes en Saskatchewan se considéraient comme étant engagés dans une religion, contre 29 % en Alberta et 28 % au Manitoba. En 2019, les croyants des Prairies étaient composés à plus de 26 % de catholiques. De manière plus générale, entre 63 % et 76 % des habitants des Prairies avaient foi en l’existence de Dieu ou d’une puissance supérieure.

Mais en 2011, on voyait néanmoins une tendance dans le centre du pays à une désaffiliation religieuse.

Ontario

Dans la province la plus peuplée du Canada, en 2019, 28 % de la population pratiquait le catholicisme de manière régulière ou occasionnelle. Les statistiques de l’Ontario montrent que les gens croient en Dieu (70 % en 2017) et prient au moins un peu (28 % en 2017). La province rejoint les régions atlantiques et les Prairies concernant la participation à des services religieux (31 %).

CLRC —basé sur les statistiques de 2011 (traduction)

Les provinces de l’Atlantique

C’est dans les provinces de l’Atlantique que l’on retrouve la plus forte proportion de chrétiens en 2019 (70 %), mais 16 % seulement se considéraient alors comme pratiquant ou pratiquant occasionnellement le catholicisme. Si 75 % des habitants croyaient en Dieu et qu’il y avait peu de désaffiliation religieuse (16 % en 2011), il reste qu’il y a une forte tendance à la baisse de la participation à des services religieux.

Québec

Dieu et la religion dans la Belle Province

La situation particulière du Québec (majorité catholique, Révolution tranquille, débat sur la laïcité, etc.) semble générer plus de données, d’où une section un peu plus longue sur cette province. Ainsi, selon des sondages CROP de 2016 et 2017, la majorité des Québécois croyaient toujours en Dieu. Ce pourcentage a toutefois diminué au fil des ans, et ce, partout au pays.

Croire en Dieu, CROP, 2016

L’importance des croyances religieuses, tout comme la manière de croire, varie beaucoup.

Ainsi, en 2016, seulement 14 % des croyants québécois croyaient en Dieu selon les principes enseignés par l’Église: la majorité croyait donc « à sa façon », marquant un désengagement par rapport à l’institution.

Le changement est marquant en seulement deux décennies.

Croire en Dieu, CROP, 2016

Un Québec catholique ?

Voyons de plus près ce qu’il en est de l’Église catholique. De prime abord, cette église semble bien se porter. En 2001, 83 % des habitants de la province se disaient catholiques selon Statistiques Canada. Dix ans plus tard, ce nombre était tombé à 74,7 % et il était de 55 % en 2019 (64 % si on compte les catholiques culturels).

Et comme l’indique le professeur Jean-Philippe Warren, « le Québec est à la fois la province la plus homogène d’un point de vue religieux et la plus détachée de sa culture religieuse. » En effet, souligne-t-il, « aujourd’hui, à peine 5 % d’entre eux [les Québécois] déclarent pratiquer régulièrement, alors que la proportion frisait les 100 % en 1960! »

Ainsi, parmi les Québécois se considérant comme catholiques en 2014, seulement 32 % affirmaient que c’est parce qu’ils avaient la foi. La majorité (59 %) se disait catholique à cause du baptême, selon Radio-Canada.

Jésus : un modèle au Québec

Bonne nouvelle pour la Compagnie de Jésus, un autre sondage CROP en 2010 montrait que Jésus était encore un personnage marquant pour les Québécois, surtout les plus âgés, et ce, même parmi les agnostiques.

76 % des répondants affirmaient bien ou assez bien connaître Jésus, 52 % étaient intéressés à en apprendre davantage sur lui, plus de 29 % le qualifiaient de modèle de vie. Et Jésus continuait d’impressionner 54 % des Québécois.

Pourquoi ? C’est surtout son message d’amour et de bonté qui rejoignait les gens (35 %).

Ainsi, bien que la majorité des Québécois se considèrent encore catholiques, il est indéniable d’une part que cette tendance est à la baisse depuis plusieurs années et que seule une minorité de catholiques québécois pratiquent leur religion régulièrement. Toutefois, il semble que toutes religions confondues, la majorité des gens de la province ont une connexion avec la spiritualité ou une force plus grande qu’eux et que beaucoup sont réceptifs au message d’amour de Jésus. La revue Relations approfondit d’ailleurs l’analyse sur la spiritualité et la religion dans la province dans son dernier numéro.

Conclusion

En regardant ces statistiques, il est indéniable que les chiffres sont à la baisse concernant plusieurs points d’intérêt pour la religion catholique (croyance en Dieu, pratiques religieuses, etc.) dans toutes les provinces, mais à des degrés variables.

Population catholique au Canada en 2001 et 2011, Wikipédia (selon les données de Statistiques Canada)

Toutefois, ce ne sont que des chiffres et des données. Il faudrait aller au-delà, vers des gens, des groupes, pour s’approcher plus particulièrement de la pratique du religieux dans le pays. En effet, « pour les différentes communautés ethniques linguistiques et culturelles, la religion joue un rôle différent », a expliqué le P. Rixon.

Enfin, comme l’a souligné le sociologue Reginald Bibby (spécialiste sur l’évolution des tendances religieuses au Canada) dans la conclusion de son livre Resilient Gods : la religion ne va pas disparaître (et la religion catholique restera fermement ancrée dans le paysage religieux canadien), mais il risque d’y avoir une plus grande polarisation entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas.