Lettre ouverte au premier ministre Justin Trudeau
Le ministre des Affaires étrangères Marc Garneau
Monsieur le Premier ministre Trudeau et Monsieur le Ministre Garneau,
Nous vous écrivons pour vous demander d’intervenir dans le cas de 16 défenseurs des droits de l’homme en Inde qui ont été incarcérés sur la base de fausses accusations. L’un d’entre eux, le père Stan Swamy SJ, un prêtre jésuite indien, a été mis en détention par l’Agence nationale d’investigation (NIA) de l’Inde le 8 octobre 2020. Il est âgé de 83 ans et souffre de la maladie de Parkinson.
Le père Stan a été harcelé en raison de son opposition aux politiques du gouvernement qui affectent les droits des Ādivāsīs (peuples autochtones). Son travail consistait entre autres à documenter les violations des droits de l’homme à l’encontre des jeunes autochtones et d’autres personnes qui ont été emprisonnées à tort pour avoir défendu leurs droits.
Varavara Rao, également emprisonné à tort, est un écrivain et poète renommé en Inde. Il a été transféré de la prison à l’hôpital pour des raisons de santé. Le militant de 78 ans est toujours à l’hôpital malgré les tentatives répétées de la NIA pour le faire retourner en prison.
La situation des 16 défenseurs des droits de l’homme est condamnée dans le monde entier. Le 20 octobre 2020, Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a fait une déclaration exprimant sa préoccupation pour les droits de l’homme en Inde, se référant en particulier à la situation du P. Stan Swamy. En janvier dernier, 21 membres du Parlement européen ont demandé au premier ministre Modi la libération du Père Stan. Au Royaume-Uni, les membres du Parlement ont discuté des mesures prises par leur gouvernement pour résoudre ce problème au cours de leur période de questions.
Le 10 février dernier, un article du Washington Post a révélé que des éléments de preuve avaient été placés dans l’ordinateur de l’un des 16 défenseurs des droits de l’homme, Rona Wilson. Le rapport, basé sur une analyse faite par une société spécialisée en informatique légale basée dans le Massachusetts, montre en outre que la violation aveugle des droits de l’homme contre ces 16 personnes se poursuit.
Nous sommes solidaires avec tous ceux qui, dans le monde entier, ont exhorté leur propre gouvernement à agir au nom de ces 16 défenseurs des droits de l’homme.
Notre pays a déclaré publiquement son engagement à défendre les valeurs d’inclusion et de gouvernance responsable, de pluralisme pacifique et de respect de la diversité, ainsi que les droits de l’homme, y compris les droits des personnes les plus marginalisées de la société. Ne serait-ce pas un manquement à ces valeurs si le Canada continuait à garder le silence sur le cas des 16 défenseurs des droits de l’homme en Inde ? Pouvons-nous simplement rester des spectateurs alors que leurs droits continuent d’être violés ?
Nous demandons au gouvernement du Canada de condamner fermement l’incarcération de ces 16 défenseurs des droits de l’homme, d’appeler le gouvernement indien afin d’assurer leur libération immédiate et de l’exhorter à s’abstenir d’arrêter arbitrairement des citoyens innocents.
Nous vous demandons d’agir le plus rapidement possible pour le bien du P. Stan Swamy, de Varavara Rao et des autres défenseurs des droits de l’homme dont la santé et la vie même sont en danger. Nous savons qu’un certain nombre de personnes incarcérées lors de la pandémie COVID-19 ont contracté le virus en prison, ce qui rend cette question d’autant plus urgente.
Sincèrement,
Fr. Erik Oland, SJ
Supérieur provincial/ Provincial Superior
Jésuites du Canada/Jesuits of Canada