La cérémonie a eu lieu dans un contexte particulièrement trouble, alors que le poids de l’incertitude se fait rudement sentir. D’un côté, la Covid-19 qui met le monde à l’épreuve et qui, en ces jours, est en plein resurgissement en Haïti, et de l’autre côté, l’insécurité liée au climat politique tendu d’Haïti qui bat son plein. C’est au cœur de ces tourments que Gerard Myriam et Jean Francky se sont fait ordonner prêtres.
Par souci sanitaire, un nombre réduit de jésuites ont pris part à la célébration et les invités des deux nouveaux prêtres étaient très peu nombreux. Cependant, la beauté de la chapelle jointe à la joie des parents, ami.e.s et compagnons donnaient un éclat remarquable à cette belle célébration. Tout s’est déroulé dans une ambiance calme et priante.
Le prélat de Miragoâne s’est adressé aux deux ordinands sur un ton très fraternel. Dans son homélie, il a fait mention la blessure d’Ignace, il y a 500 ans, pour mieux parler de la beauté de la spiritualité ignatienne, cette beauté qui naît de la blessure. Monseigneur Dumas a exhorté les nouveaux prêtres à suivre l’idéal d’Ignace, non pas en tant que blessés, mais comme hommes de Dieu capable de voir et d’aimer Dieu en toute chose. Il les invita à prendre conscience de leur capital intellectuel, humain et spirituel pour faire émaner la beauté de l’amour de Dieu là où tout semble être que chaos. Ce n’est qu’en ce sens, insista-t-il, que la beauté, qui n’est autre que l’amour de Dieu, peut interpeller en laissant ses empreintes sur les cœurs des petites gens blessées par la laideur de l’aporophobie. Selon l’évêque, la beauté dont il parlait n’est pas superficielle, sinon il serait impossible d’être capable de voir dans le tragique ou la laideur une possible naissance d’amour et de paix. Monseigneur Dumas a invité les nouveaux prêtres à être des bons pasteurs dans leur charité pastorale. Il leur a rappelé que la beauté est signe et expression de joie. S’appuyant sur Dostoevski, il a affirmé que c’est la beauté qui sauve le monde, car la beauté est l’amour même de Dieu. C’est la beauté du crucifié qui sera capable de restituer la beauté du monde et particulièrement celle d’Haïti déchirée par tant de conflits sociaux larvés.
Monseigneur Dumas a invité Gerard et Jean Francky à apprendre à contempler la beauté de Dieu afin d’avoir un regard transformateur du monde et d’Haïti. Il leur a demandé de penser leur sacerdoce à partir des questions suivantes. Comment travailler pour transformer la plaie d’Haïti à partir de leur sacerdoce ? Comment accompagner le peuple d’Haïti sans se laisser paralyser par l’impuissance et la peur d’échouer ?
Gérard Myriam et Jean Francky ont tous deux dit souhaiter que leur sacerdoce soit un véritable signe de l’amour de Dieu. Les nouveaux prêtres se confient entièrement à la prière du peuple de Dieu.