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In Memoriam

À la Maison René-Goupil à Pickering (ON), le 9 mai, est décédé paisiblement le père Charlie Sitter. Un des jeunes jésuites assis à son chevet s’est aperçu qu’il respirait beaucoup plus lentement. Il lui tenait la main et lui dit : « Vous pouvez partir maintenant, vous pouvez aller rejoindre le Bon Dieu ». Ensuite, il commença à chanter doucement Ubi caritas et amor, Deus ibi est. Et Charlie rendit son dernier soupirIl entamait sa 94e année et a passé 75 ans comme jésuite. Fils de Sebastian Sitter et de Caroline SchreierCharlie est né le 7 décembre à Winnipeg (Manitoba).  

Après avoir complété trois ans d’études à St. Paul’s College, Charlie fit son entrée au novitiat à Guelph le 1er février 1945. Il prononça ses premiers vœux en 1947 et fit des études de juniorat pendant les deux prochaines années.  En 1949, Charlie étudia la philosophie au séminaire jésuite sis au 403, rue Wellington à Toronto. En 1952,  il débuta une régence de trois ans à Campion High School à Regina (Saskatchewan).  Par la suite, Charlie revint à Toronto pour faire ses études en théologie au 403, rue Wellington (Toronto) et fut ordonné prêtre le 22 juin 1958 par James Cardinal MacGuigan.  Il fit son troisième an au novitiat de St. Stanislaus à Cleveland (Ohio).   

Charlie effectua la plupart de son ministère dans des écoles secondaires et des collèges. En 1960, il revint à Campion à Regina comme aumônier auprès des élèves et comme enseignant de religion et d’histoire. D’ailleurs, il fut aussi responsable du club de théâtre à cette école.  En 1967, il se rendit à Vancouver pour devenir vicaire de la paroisse Immaculate Conception.  En 1968, Charlie retourna à sa ville natale de Winnipeg pour devenir l’aumônier de St. Paul’s College sur le campus de l’université du Manitoba. Passionné de la lecture et des arts,  il exerça les fonctions de bibliothécaire et de décorateur au sein des diverses communautés où il demeura pendant tout le restant de sa vieÀ Winnipeg, il siéga pendant quelques années au comité de liturgie de l’archevêché et assuma les fonctions de directeur du centre pour étudiants au collège.  

En 1971, il quitta Winnipeg et fut affecté comme aumônier à l’université McMaster à Hamilton.  Un an plus tard, il déménagea à Pickering pour rejoindre une équipe de cinq qui s’occupait des Exercices spirituels à la Maison de retraites de Manresa. Doté de cette expérience, Charlie revint à Winnipeg en 1976 et au cours des 13 prochaines années, il dirigea des retraites privées et communautaires à divers endroits au Manitoba et ailleurs. Pendant ses deux dernières années à
St. Paul’s College à Winnipeg, il fut ministre de la communauté et bibliothécaire, évidemment. Il fit ses adieux à l’Ouest canadien en 1990 lorsqu’il vint à Toronto pour agir à titre d’aumônier à St. Bernard’s Convent and Retirement Home.   

En 1991, il retourna à l’apostolat des retraites à Manresa (Pickering) et demeura dans la résidence La Stortanouvellement construite pour les jésuites de PickeringIl conseilla le supérieur quant à l’ameublement de la résidence et s’occupa de la chapelle. De plus, on lui confia la tâche spéciale de mettre sur pied la bibliothèque maison dans le grand sous-sol vide. Au fur et à mesure que de nombreuses communautés jésuites commençaient à choisir de plus petites propriétés, La Storta reçut un flot d’excellents bouquins spirituels et théologiques. Au fil des ans, ce bibliothécaire par excellence passa à travers tous les livres : tous furent systématiquement classés et des étagères furent construites et étiquetées avec précision.  D’ailleurs, les retraitants et invités continuent à être émerveillés par la bibliothèque du sous-sol, car elle renferme non seulement une vaste collection d’excellents livres, mais des objets d’art placés un peu partout. Même lorsqu’il quitta La Storta pour la Maison René-Goupil afin de recevoir des soins médicaux plus particuliers, Charlie continua d’agir comme bibliothécaire à La StortaC’était édifiant de le voir manoeuvrer sa marchette avec difficulté vers le sous-sol de La Storta, même par mauvais temps. Charlie pouvait être bien gentil et plus souvent qu’autrement, il traversait l’allée pour aller chercher un livre qui, selon lui, pouvait intéresser un autre résident de la Maison René-Goupil. C’est seulement au cours des derniers mois de sa vie qu’il renonça à son rôle préféré de bibliothécaire.  

Charlie était un homme très instruit – passionné de la lecture, il s’intéressait tout particulièrement aux questions religieuses. C’était un travailleur constant, que ce soit dans l’Ouest, dans l’Est, à Pickering, aux archives provinciales à Toronto ou comme aumônier à Loretto Abbey.  Les nombreux groupes de religieuses qui assistaient annuellement aux instituts estivaux du père Mike Lapierre à Manresa appréciaient beaucoup la présence de Charlie, qui leur enseignait la liturgie.  

Cependant, parce que Charlie était très sensible de nature et tellement perfectionniste, il souffrait beaucoup dans son for intérieur. Cette douleur spirituelle, qui s’ajoutait à des problèmes digestifs et à un estomac très sensible, provoquait en lui des crises de colère.  Parfois, ses confrères avaient même peur et lui en voulaientPar conséquent, Charlie éprouvait souvent une grande solitude. Toutefois, il s’intéressait beaucoup aux visiteurs à Pickering et s’ensuivaient invariablement de longues conversations animées.  

Charlie aimait l’humour et son rire retentissait partout dans la maison. Grâce à sa voix claire et puissante, il lisait souvent lors des liturgies à la maison. Un mois avant son décèsà la Veillée pascale, Charles prononça l’histoire de l’Exode d’une manière si claire et dramatique qu’on aurait cru que les eaux s’écartaient devant nos yeux