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Story

Remise plus d’une fois à cause de la pandémie, la retraite écologique des Jésuites du Canada s’est finalement déroulée à Sudbury en juin dernier, grâce aux efforts de l’équipe d’organisation composée entre autres de John McCarthy (alors facilitateur écologique de la province), SJ, Priscilla Solomon, CSJ, Bernard Hudon, SJ, Trevor Scott, SJ, Peter Bisson, SJ, et Yvonne Prowse.

La retraite a ainsi été organisée autour de la dynamique des Exercices spirituels et du mystère pascal. Deux scientifiques (Peter Beckett et Graeme Spiers) qui faisaient partie du programme de reboisement qui s’est fait à Sudbury depuis plusieurs décennies ans ont animé une journée sur le terrain et vers la fin de la retraite, ils ont montré aux participants toute l’histoire de la restauration écologique. « C’était vraiment l’aboutissement de la retraite », explique le P. McCarthy.

José Sanchez, directeur du Bureau des communications et retraitant, a été touché par les huit jours passés à Sudbury: « À travers l’exemple de la dégradation et du reverdissement de Sudbury, les participants de cette retraite ont pu non seulement apprendre et s’approprier l’expérience de la désolation causée par la dégradation de l’environnement, mais aussi avoir de l’espoir dans le pouvoir de se réconcilier avec la Création et de travailler au changement. »

D’ailleurs, selon sœur Solomon, cette retraite écologique ne doit pas être une expérience unique, mais doit au contraire être répétée en relation avec les Autochtones et avec l’intégration des enseignements autochtones. « L’un des fruits de cette retraite doit être de vraiment répondre à la Création d’une manière qui reconnaisse l’unité des retraitants avec la Création et le respect pour la terre et les gens. L’un des grands fruits serait aussi, j’espère, que chacun d’entre nous s’engage aussi pleinement et complètement que possible dans le processus de réconciliation entre les peuples autochtones et les peuples colonisateurs, ce qui inclut les jésuites. »

Le P. McCarthy et sœur Solomon détaillent ici les raisons derrière l’organisation de cette retraite écologique ainsi que les similarités entre la foi catholique et les spiritualités autochtones par rapport au soin de notre maison commune. 

Retour sur la retraite à Sudbury

Le thème de la retraite a été proposé par le provincial Erik Oland. La retraite s’est déroulée à la Villa Loyola à Sudbury, mais surtout sur le terrain. Par exemple, Bernard Hudon, SJ, a décrit les lacs, le P. McCarthy a parlé de la forêt à partir de la Sainte Trinité et l’aîné Arthur Petahtegoose a donné une conférence sur la relation entre la terre et les gens.

Être dans l’action était important pour le P. McCarthy: « Je trouve qu’on envisage souvent la question écologique seulement en termes de questions morales, et c’est très important, mais en même temps, je voulais mobiliser des fondements théologiques ou spirituels qui enracinent les actions : que veut dire la conversion écologique? »

Coniston, en Ontario, en 1981, à gauche, avant les efforts de reverdissement, et de nouveau en 2008. (Crédit: Ville du Grand Sudbury)

Pourquoi tenir la retraite à Sudbury? Selon sœur Solomon, « Dans les années 1960, Sudbury a été dévasté par l’impact de l’exploitation minière et de la production de grandes quantités de dioxyde de soufre et de métaux lourds. Essentiellement, toute la vie végétale et animale a été tuée à proximité des centres de production et de traitement du minerai. Même les lacs ont été détruits. Après cela, un processus de reverdissement a eu lieu par des gens [gouvernements, citoyens, industries] très préoccupés par cette situation. La retraite devait être expérientielle entre autres pour être capable de voir des images de ce à quoi ressemblait le paysage et d’être en mesure de marcher à travers les arbres et la terre d’aujourd’hui. C’était une métaphore très puissante pour le mystère de Pascal: la mort, la résurrection de la terre sur une période de 60 ans. »

Selon M. Sanchez, cette retraite « a été une occasion inhabituelle pour les participants de faire l’expérience d’une véritable transformation personnelle en relation avec la Création, ce qui n’est pas facile à faire. Pour beaucoup d’entre nous au Canada, la réalité de l’urgence climatique peut sembler lointaine. La plupart d’entre nous sont rarement touchés par, par exemple, les événements extrêmes vécus par les victimes de cyclones, de sécheresses, etc. dans de nombreuses autres parties du monde. Nous sommes privilégiés. Par conséquent, il peut souvent être difficile pour nos cœurs de se sentir profondément émus et enclins à aimer et à travailler pour la Création. »

Graeme Spiers avec les retraitants (crédit: John McCarthy)

L’image qui est venue à Ron Perron, SJ, pendant la retraite est celle de la grenouille et l’eau chaude, une parabole des problèmes écologiques de la planète. L’humanité prend du temps pour prendre conscience de l’urgence climatique. Il demande : « Et nous, les jésuites, sommes-nous prêts à réduire nos déplacements pour améliorer la vie sur la planète ? »

Selon les organisateurs, et les retours qu’ils ont reçus, la retraite a été un succès. « Je pense que la retraite s’est très bien passée, avec un intérêt réel et une bonne participation à tous les événements que nous avons eus – rassemblements, prières, activités en plein air. Il y a eu un peu de discussion après certaines sessions ou événements, mais le groupe est passé très rapidement à un temps de calme et de réflexion personnelle : j’en ai été très reconnaissante », souligne sœur Solomon. 

L’écologie sous le regard des savoirs autochtones et de l’Église 

Selon le facilitateur écologique de la province, il était important de mettre en évidence dans la retraite les voix des Autochtones parmi qui nous travaillons ou nous partageons la vie apostolique depuis des décennies. « Pour moi, l’intégration de la spiritualité autochtone, c’est-à-dire voir le lien intime entre nos vies humaines et toute la Création, comme un cercle, c’est vraiment la spiritualité trinitaire aussi. Il s’agit du même sentiment, mais exprimé avec des mots et des expériences différents. »

Sœur Solomon abonde dans le même sens : il y a selon elle des courants de conscience et de préoccupation dans l’Église et chez les peuples autochtones qui se croisent et voyagent ensemble dans la même direction. L’une de ces intersections est le fait que les peuples autochtones croient à un Créateur, qui a créé toute chose bonne. « Toute la création est bonne et a de la valeur en soi. Et elle a de la valeur pour ce qu’elle offre au reste de la création, mais elle a aussi sa propre dignité. C’est une croyance que l’Église catholique essaie de se réapproprier et par rapport à laquelle elle essaie de devenir plus consciente. Le pape François a d’ailleurs travaillé pour essayer de mettre cela au premier plan et pour nous rendre plus conscients, en tant que catholiques, de la responsabilité que nous avons de prendre soin de la terre et de prendre soin des pauvres de la terre. »

Cheminée de Sudbury qui n’est plus en service (Crédit: John McCarthy)

Une autre intersection est le langage. « Je pense qu’en tant qu’Église catholique, nous devenons plus conscients du langage que nous utilisons autour de la terre et de la relation à la terre. Nous prenons conscience de la façon dont nous avons, dans le passé, utilisé le langage de la domination et nous reconnaissons que nous sommes un avec toute la Création, que nous devons utiliser sans en abuser. Chez les Autochtones qui pratiquent les enseignements traditionnels, il y a un grand souci de reconnaître que nous faisons partie de la Création, dont nous dépendons. » 

Ainsi, si l’emphase de la retraite était sur l’écologie plutôt que les savoirs et spiritualités autochtones, les participants ont néanmoins pu en avoir quelques aperçus. « Un aîné autochtone est venu parler au groupe et les participants étaient très attentifs et semblent avoir vraiment compris ce qu’il voulait partager », explique sœur Solomon, qui a quant à elle animé des prières et offert entre autres une cérémonie du calumet ainsi que certains enseignements. « J’ai l’impression que les jésuites sont de plus en plus conscients que c’est vraiment important d’être capables de comprendre et d’avoir des relations avec les Autochtones d’une manière différente. »

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