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Story

Par Elise Gower

Voici l’histoire de l’apostolat autochtone Kateri, le Kateri Native Ministry d’Ottawa : une histoire de vie, de mort et de résurrection. En évoquant ce parcours de transformation, je cherche à honorer les survivant. e. s du système des pensionnats. Je mets aussi en valeur la sagesse et les témoignages de Donna Naughton et de Christian Veselovsky. Ils nous invitent à connaître moins ce qu’est leur apostolat que ce qui lui a donné naissance et lui permet de se poursuivre aujourd’hui.

La directrice générale du Kateri Native Ministry, Donna Naughton, nous explique la coutume d’offrir du tabac à un gardien du savoir. Ce geste accompagne la demande qu’on lui fait de partager son savoir. J’ai découvert à quel point le partage du savoir ancestral est sacré. En parlant, Donna invoque les peuples autochtones ; elle s’inspire notamment de sa mère, Bridget, et de son frère, John Corston qui a fondé cet apostolat. Ce sont les deux personnes qui ont eu le plus d’influence sur elle.

photo : katerinativeministry.ca

Vie

L’apostolat Kateri célèbre la vie autochtone. Sous les auspices de sa patronne, sainte Kateri Tekakwitha, il promeut une communauté où l’on met l’accent sur les relations, la culture et l’apprentissage mutuel. Ses apostolats de proximité, notamment la messe autochtone, les ateliers, la musique et le programme de guérison sont axés sur la terre « Kendaaswin ». Nos façons d’apprendre sont autant de plateformes où convergent la guérison et la formation. Donna évoque la beauté qui résulte de la rencontre de deux mondes dans l’exploration personnelle qu’elle poursuit entre son ascendance autochtone et sa foi catholique. « Je pratique notre culture ; je participe aux cérémonies. Et je vais à la messe et je pratique ma foi catholique. J’ai la chance d’avoir de grands espaces à explorer. »

Cette expérience que Donna partage avec John a grandement favorisé l’intégration de son « être complet », à la fois autochtone et catholique. Ce tissage intentionnel de la culture et du patrimoine « me donne la chance, dit-elle, de vivre la Minobimaatisiiwin — le mieux-être. Je peux aussi le faire avec l’apostolat Kateri, ce qui affermit ma foi en approfondissant ma relation à Dieu ». Elle rattache cette démarche au principe ignatien du « trouver Dieu en toutes choses ».

L’apostolat Kateri célèbre la vie autochtone. Sous les auspices de sa patronne, sainte Kateri Tekakwitha, il promeut une communauté où l’on met l’accent sur les relations, la culture et l’apprentissage mutuel.

La roue de médecine traditionnelle représente les dimensions essentielles de l’être humain : spirituelle, affective, intellectuelle et physique. « En tant que catholique autochtone, ma spiritualité me fait entrer dans la plénitude du Christ. Supprimez l’un de ces éléments, et vous portez atteinte à mon intégrité, je ne suis plus moi-même. »

L’énoncé de vision de Kateri reconnaît la vérité et la force de la spiritualité chrétienne et de la spiritualité autochtone. La vie et la transformation découlent de la plénitude de l’identité autochtone. Dieu est présent en toutes choses.

Mort

Les pensionnats, créés par le gouvernement canadien et administrés, en partie, par l’Église catholique, ont été le théâtre d’une assimilation forcée et d’une violence mortelle. Sous prétexte d’enseigner, ils visaient en réalité à déconstruire l’identité autochtone par un endoctrinement eurocanadien et chrétien. Des années 1880 à 1996, les pensionnats ont détruit l’intégrité des autochtones. Donna explique : « La colonisation, c’était comme une mort où l’on perdait sa langue, son identité et le sens de l’existence, les choses les plus importantes dans la vie de la communauté. »

photo : Donna Naughton, katerinativeministry.ca

La mère de Donna, survivante des pensionnats, s’est fait inculquer la peur d’aspects fondamentaux de sa culture, qu’on lui a dépeints comme « mauvais ». Elle craignait même de regarder le tambour — le battement du cœur de la Terre mère. Elle n’a donc jamais transmis à ses enfants ce qu’elle savait de l’art de vivre de la terre. « Elle avait vraiment peur, parce qu’on lui avait enseigné que ces choses-là étaient mauvaises. Elle est morte sans n’avoir jamais eu conscience de la beauté de la culture de la forêt et de pouvoir vivre de la terre. »

Donna lève le voile sur la profondeur du traumatisme et du racisme intergénérationnel. « Jusqu’à sa mort [ma mère] a toujours eu le sentiment d’être inférieure. » Comme ses frères et sœurs, Donna porte le poids d’une certaine image de soi et d’un défaut de cohésion communautaire. Elle se rappelle la douloureuse quête d’identité de John à travers des substances nocives comme l’alcool, « qui ne lui donnaient pas beaucoup d’amour ».

Christian Veselovsky

L’Église catholique porte, elle aussi, le poids de cette histoire. Christian Veselovsky, jeune adulte employé par l’apostolat Kateri, ausculte la compréhension communautaire de sa foi. « À ce moment-ci, les relations avec les autochtones sont le plus grand problème de l’Église au Canada. » Son discernement personnel et professionnel lui a fait prendre une décision : « Je ne peux pas demeurer dans une institution déficiente sans faire quelque chose pour remédier à la situation. »

Donna et Christian entretiennent une relation profonde, qui incarne la guérison entre les communautés qu’ils représentent, fruit d’un partenariat et d’une réconciliation authentique. Donna partage l’espoir de John : « avec l’amour, tout est possible. » Christian, lui, souligne le lien spirituel qui l’unit à John, qu’il n’a jamais rencontré et dont il se sent appelé à partager la vision. Voilà ce qui nous conduit à la résurrection.

Résurrection

Donna s’appuie sur la certitude de la résurrection dans son apostolat de guérison et de réconciliation de Kateri. « Nous sommes en mesure d’explorer notre culture, d’être fiers de ce que nous sommes, de comprendre d’où nous venons et d’espérer pour les générations à venir. »

Pour elle, l’espérance, « c’est quelque chose que vous attendez, mais que vous ne voyez pas ». C’est la confiance en l’appel de Dieu, « Dieu qui te conduit quelque part ». La conversion et la résurrection de John l’ont amené à exercer la fonction d’aîné et de porteur du bâton à exploits, l’une des charges les plus importantes dans une communauté autochtone. La profondeur de son amour pour le Christ a fait naître en lui le désir d’aider les autochtones et de transmettre sa spiritualité catholique. Fort de son expérience de la guérison, il était fier de refléter l’image de Dieu à travers son identité autochtone. Jusqu’à sa dernière heure, il a réuni des communautés pour leur parler de l’amour et de la miséricorde de Dieu.

« Nous sommes en mesure d’explorer notre culture, d’être fiers de ce que nous sommes, de comprendre d’où nous venons et d’espérer pour les générations à venir. »

John a demandé un jour à Donna si elle pourrait envisager de travailler à l’apostolat. « Non, a-t-elle répondu. Tu es tellement doué, et je ne crois pas avoir les mêmes talents que toi. » Mais un peu comme pour John, au cours de son cheminement personnel, la prise de conscience de son identité a éveillé chez elle un sentiment de fierté partagée : elle en est venue à reconnaître Dieu dans ses propres dons et dans ses racines autochtones. Donna poursuit aujourd’hui la mission et la vision de John. Elle estime qu’il lui revient de permettre à d’autres d’utiliser leurs dons pour contribuer à l’œuvre commune de réconciliation. « Nous avons besoin les uns des autres, dit-elle. La réconciliation ne peut pas se faire toute seule. Nous devons la faire ensemble. »

photo : Kateri Native Ministry Facebook Page

Nous sommes toutes et tous invités à participer à la résurrection. Donna voit pour l’Église trois façons d’avoir part à la transformation : en honorant les survivant. e. s et ceux et celles qui sont retournés au Créateur ; en respectant ce qu’ils ont fait et leur force incroyable ; enfin, en célébrant ce qu’ils apportent à l’Église. Elle appuie les excuses présentées par l’Église et la poursuite de ses efforts en vue de la réconciliation. « Mais il faut faire davantage. La réconciliation se bâtit dans l’action. Montrez-moi que vous avez vraiment compris. Tous ces enfants qui ne sont jamais rentrés à la maison, cela ne cesse d’affecter notre vie. Le traumatisme intergénérationnel est réel et continue. Ce que j’espère, c’est que notre Église catholique institutionnelle arrive à cette prise de conscience. »

La dernière réflexion de Christian est empreinte d’urgence. « Les peuples autochtones sont l’un des plus grands dons de l’Église au Canada. Il est important que les gens le comprennent. La réconciliation n’est pas un problème à résoudre, mais l’occasion pour l’Église d’accueillir la plénitude de sa mission. » Résurrection.

L’apostolat Kateri est moins une série d’initiatives qu’un esprit et une manière d’être à la mémoire de John Corston, fondés sur l’histoire des communautés autochtones et l’espérance collective dont elles sont porteuses.

Donna voit pour l’Église trois façons d’avoir part à la transformation : en honorant les survivant. e. s et ceux et celles qui sont retournés au Créateur ; en respectant ce qu’ils ont fait et leur force incroyable ; enfin, en célébrant ce qu’ils apportent à l’Église.

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Le Kateri Native Ministry travaille en partenariat avec les jésuites depuis plus de 20 ans. Il entreprend maintenant d’officialiser cette relation sous forme d’entente et de soutien.

 

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