par Fannie Dionne | 30 Mai 2019 | Billets de blogue, Jésuites au Canada
Jean-Marie Rocheleau est toujours jardinier à la Villa
Décrire le Père Rocheleau, c’est certainement parler de sa constance quotidienne à travailler à l’entretien extérieur des terrains de la Villa Saint-Martin. Je sais que sa longue vie est certainement remplie de nombreux talents et services pour la plus grande gloire de Dieu, mais ces quelques étés où j’ai eu la chance de travailler à ses côtés m’ont profondément inspiré.
Le P. Rocheleau au travail dans le jardin de Saint -Martin. Photo: Jean-Marc Laporte, SJ.
Comme lui, je travaillais sous la chaleur parfois accablante. Cependant, mes inconforts devenaient insignifiants quand je le voyais faire son travail sans jamais dire un mot. Qu’on le croie ou non, son tempérament silencieux, entre autres dû à sa surdité, m’inspirait une sorte de piété à travers ses gestes. Son attitude, ses quelques mots très simples, son humilité déconcertante me touchaient l’âme. Même si je n’ai partagé avec lui que quelques morceaux de ses dernières années de vie, je garde en moi ce modèle de jésuite qui m’inspirera toujours, même si j’ai quitté la Compagnie depuis. Sa manière d’être, de tout donner à Dieu sans orgueil, sans ambitions, est maintenant pour moi une sorte de but dans ma vie, même si je ne lui arriverai jamais à la cheville. Paix et amour pour vous et à jamais cher Père Rocheleau.
Courage et Confiance – Oliver Capko, SJ
Le Père Rocheleau était un saint homme d’une manière très discrète. Souvent, nous plaisantions en disant qu’il était le frère André réincarné à cause de sa stature, de son humilité et de la grâce avec laquelle il se présentait. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir eu les deux années de mon noviciat avec cet homme qui non seulement a inspiré les novices, mais leur a donné un modèle de vie jésuite bien vécue.
«Courage et Confiance», disait souvent le Père Rocheleau aux novices. C’est peut-être parce qu’il parlait peu l’anglais, bien qu’il ait parlé un peu cette langue à notre surprise, et nous, les novices, nous avions un français limité. Mais ces mots étaient suffisants. Et c’était le Père Rocheleau. Il croyait que Dieu nous a donné un amour abondant et qu’il répond à nos besoins matériels, et cela suffit. Assez pour sourire et travailler dans le Jardin du Seigneur. Que ce soit pour donner des conseils spirituels ou pour tailler les mauvaises herbes à Villa Saint Martin. Il a vécu ce courage avec joie, même lorsque nous lui avons appris à faire des pizzas.
P. Rocheleau et Oliver Capko, SJ, font une pizza. Photo: Jean-Marc Laporte, SJ.
Mais je serais injuste si je ne parlais pas de la dévotion du Père Rocheleau au Sacré-Cœur. Ce fut la source de son énergie, de sa vocation, de son humour spirituel, de sa vie de vœux. J’ai eu le grand privilège de vérifier qu’il prenait ses médicaments chaque soir au noviciat. C’étaient des moments de grâce. Il me disait souvent que c’est avec le Sacré-Cœur que le Christ a aimé le monde et rend possible le don total de notre vie à Dieu. Nos cœurs sont un don à donner totalement, tout comme le Sacré-Cœur nous a été totalement donné. Donc, alors que nous nous souvenons du Père Rocheleau, offrons nos intentions et pétitions au Sacré-Cœur comme il l’a encouragé. Je suis sûr qu’il sourirait du ciel avec Dieu et dirait «Mais oui !»